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ppcaillou
1 août 2020

Portraits du Fayoum

Fayoum Antinoé


Fayoum-43Les « portraits du Fayoum » sont un ensemble de peintures remontant à l'Égypte romaine exécutés du ier siècle, à partir de la fin du règne de l'empereur romain Tibère, jusqu'au ive siècle. Ce sont des portraits funéraires peints insérés dans les bandelettes au niveau du visage de la momie. Le défunt y est représenté en buste le visage de face. La dénomination de « portraits du Fayoum » se rapporte à un type d'abord trouvé dans le Fayoum, mais dont on a trouvé des exemplaires provenant de toute l'Égypte. En archéologie et en histoire de l'art, on l'utilise par commodité et entre guillemets.

Bien que semblant trancher par leur naturalisme, ces « portraits du Fayoum » poursuivent la tradition funéraire de l'Égypte antique, enrichie par les influences étrangères liées aux invasions et immigrations, grecque puis romaine notamment. Leur technique varie, tout comme la qualité de leur réalisation.

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Les « portraits du Fayoum » sont les seuls spécimens de peinture sur bois qui subsistent de l'Antiquité. Ce sont les portraits peints les plus anciens jamais découverts C'est ainsi que l'orientalisme, longtemps étouffé par la plastique occidentale, prend son essor : il apparaît en effet plus apte à exprimer les inquiétudes d'un monde où bascule, avec l'Empire romain, tout un système économique et social. 

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Ces portraits représentent l'ultime évolution des sarcophages et masques funéraires, avec une influence évidente de l'art romain, et permettent ainsi de retracer l'évolution des techniques picturales d'époques ptolémaïques et romaines et renseignent sur les modes vestimentaires et sur les usages de cette période. La grande expressivité de ces portraits annonce sans doute l'art copte et n'est pas sans parenté avec ce que sera l'icône byzantine. L'arrivée du christianisme en Égypte, puis dans toute l'Afrique du Nord, marque la fin de cet art héritier des traditions séculaires de l'Égypte ancienne et du culte des morts.L'irruption des techniques picturales et des rites romains dans le cérémonial funéraire des Égyptiens illustre autant, dans l'autre sens, l'influence romaine dans la culture religieuse et populaire de l'Égypte.

 

Fayoum Mummy 6Fayoum-22Il semblerait qu’ils aient été peints à l'origine du vivant du modèle, et qu'ils n'aient été qu'ensuite découpés puis posés sur son corps une fois embaumé. On a même retrouvé, dans un cas, des parties détachées du panneau insérées dans les bandelettes de la momie. Du vivant du propriétaire, le portrait était ainsi suspendu au mur dans un cadre, et ce peut-être pendant longtemps. Certains panneaux présentent même des traces de stuc ou de plâtre imprégné d'asphalte ou de bitume, voire des traces de clous et de cadre. Le choix de peindre le portrait dès le vivant de l'individu est peut-être à mettre en lien avec la courte espérance de vie, de quarante à cinquante ans pour un homme. Les modèles sont en général peints à l'âge adulte, même si la momie associée est plus âgée. Des éléments pouvaient être ensuite ajoutés au portrait après la mort de l'individu, en fonction de l'évolution de son existence ou de la mode.

                                                                                     Technique

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Lorsqu'on étudie la technique des « portraits du Fayoum », on remarque que les supports et les techniques sont variés. Les « portraits du Fayoum » sont peints essentiellement sur panneaux de bois et sur lin, à l'encaustique ou à la détrempe
- La peinture à l'encaustique ou peinture à la cire, utilisée depuis l'Antiquité, est une technique de peinture qui utilise des couleurs délayées dans de la cire fondue, c'est-à-dire utilisant la cire d'abeille comme liant. Cette pâte est employée à chaud. On utilise cette technique principalement en peinture sur bois.
- La détrempe est une peinture dont les pigments sont liés par émulsions naturelles (jaune d’œuf) ou artificielles : colles de collagène, colle de peau, etc... ou des polysaccharides, gomme arabique, gomme indigène, etc... en solution aqueuse. La détrempe représente la technique dominante avant l’apparition de la peinture à l’huile. Elle permet une grande finesse : séchant rapidement, la détrempe ne permet pas le repentir et demande donc une préparation soigneuse. La palette des couleurs est réduite et semblable d’un portrait à l’autre.

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Les supports des « portraits du Fayoum », destinés à être adaptés à la forme de la momie du défunt, sont choisis en fonction de leur souplesse et de leur finesse, mais également de leur solidité et de leur résistance aux aléas du temps. Les dimensions sont légèrement plus petites que nature, mais il faut surtout noter une harmonisation entre la taille du support et la taille de la momie.
Le bois est le support du plus grand nombre des « portraits du Fayoum ». Son utilisation dans l'art égyptien n'est pas nouvelle, et celui-ci apparaît dès les premières dynasties. Matériau rare en Égypte, il est souvent importé. Le choix des essences se fait toujours en fonction de leur flexibilité et de leur finesse.
"Le figuier sycomore est l'espèce la plus employée en Égypte, et ce depuis les époques les plus anciennes. Il pousse en effet en grande quantité en Égypte, et notamment plus particulièrement dans la région du Fayoum. C'est un bois souple et tendre. Le tilleul est la seconde espèce la plus fréquemment utilisée, toujours pour sa résistance et sa flexibilité. Il s'agit d'un bois importé en Égypte fort probablement par le conquérant romain, puisqu'il se développe dans les zones tempérées au Nord, et fait l'objet d'un commerce très florissant. Sinon on trouve aussi le chène, le sapin, le cèdre, le cyprès, le pin, l'acacia et le hêtre.


Fayoum 87 portrait d'homme barbu, iiie siècle, musée des beaux-arts de Dijon

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C'est le traitement du bois, correctement effectué ou non, qui détermine la durée de vie du panneau peint.


Comparativement au bois, le lin est particulièrement adapté par sa finesse, sa souplesse et sa légèreté. Pourtant, il est moins représenté et moins connu. Il est utilisé principalement comme simple portrait, alors inclut dans les bandelettes de la momie, comme véritable linceul, ou comme tenture funéraire. Une couche de peinture à la colle ou une fine couche de plâtre permet de le raidir.

 

 


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Après la pose de la préparation et la réalisation de l'esquisse ou du dessin en rouge ou en noir, la peinture peut enfin être appliquée.
Les peintres ont surtout utilisé pour les « portraits du Fayoum » une peinture composée de quatre couleurs principales, le blanc, le noir, le jaune et le rouge. Cette palette de base est complétée par d'autres couleurs, moins fréquentes, et par de la dorure.
Pour représenter les costumes et les bijoux, riches et variés, voire certains détails du visage comme les lèvres ou les joues, d'autres couleurs sont employées. La gamme de rouge et de rose est particulièrement développée, on peut ainsi utiliser du rose de garance pour les joues. Le bleu, dit « bleu égyptien », est un pigment synthétique. Enfin, le vert est utilisé pour les ombres et les représentations de feuillage, exceptionnellement pour les bijoux. Ces derniers sont caractérisés par du doré et de l'or, mais surtout par des couleurs chatoyantes des pierres précieuses ou semi-précieuses.
Enfin, le fond est systématiquement sobre, gris ou vert, parfois doré à la feuille.
Les « portraits du Fayoum

 » seraient donc un exemple du syncrétisme culturel de l'Égypte à l'époque romaine, culture alliant apports hellénistiques et romains et héritage pharaonique.

 

9999maxresdefaultLes principales collections publiques de portraits du Fayoum sont exposées dans divers musées de Londres, Berlin, au musée Pouchkine de Moscou, New York, Vienne ainsi qu'en France : au musée du Louvre, à Paris, des portraits du Fayoum sont présentés dans le cadre du département des Antiquités Égyptiennes, dans les salles de l'Égypte romaine, dans l'aile Sully ; au Palais des beaux-arts de Lille  ; au musée des beaux-arts de Dijon ; au musée d'art sacré du Gard à Pont-Saint-Esprit .

 

 

Si le sujet vous passionne, vous pouvez en savoir encore plus en lisant l'article complet dans wikipédia  : 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Portraits_du_Fayoum

 

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il faudra qu'on dise de moi, celui-là n'a jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n'est le régime de la liberté
( Gustave Courbet )
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