Zwy Milshtein
« Milshtein est un homme peu ordinaire.
Méfiez-vous de votre première rencontre avec lui : vous risquez d’être séduit
et pour longtemps »
( Jean-Pierre SEGUIN (historien de l’art BNF)
Zwy Milshtein est né dans la ville moldave de Kichinev en 1934. Il fuit sa Moldavie natale devant l’invasion nazie. C’est l’exode à travers l’Europe de l’Est.
De 1943 à 1944, il fait des études de peinture au Palais des Pionniers de Tbilissi, en Géorgie, puis en 1946, à Bucarest avec le peintre George Ștefănescu.
La Moldavie passe sous le joug du régime stalinien. Milshtein part en 1947 en Israël avec son frère et sa mère et à Chypre, où il étudie la sculpture avec Ben-Tsvi.
En 1948, en Israël, il étudie avec les peintres Raitler, Avni, Ardon, Mokady.
En 1952, avec Nathan Zach et David Avidan, il participe à la revue Likrat qui représente la nouvelle poésie en hébreu.
En 1956, il reçoit une bourse d'études de la Norman Foundation qui lui permet de se rendre à Paris. Milshtein s'installe rue Hélène, Paris XVIIe, dans un atelier si vaste, qu'il peut y peindre avec un balai sur des papiers de très grands formats. Dans son autre atelier, situé dans son appartement de la rue Molière, près du Palais Royal, il fait ses petits formats. Non sans encombrer les lavabos et la baignoire des mixtures avec lesquelles il fabrique lui-même un papier cuve, selon la recette reçue d’un artisan fabricant de papier d’Angoulême, véritable poète du papier, qui lui a transmis ses techniques et avec lequel il échange sa passion.
En 1963, il expose ses gravures en même temps que ses toiles. En 1966, il obtient le « Le Prix de la Critique » pour la
gravure.
En 1965, il publie MICROCOSME, son premier livre d’artiste. Milshtein a besoin non seulement de graphismes mais de textes et de mots pour s’exprimer. Pas du texte des autres, car s’il a illustré Kafka, ce n’est pas tellement après l’avoir lu, mais après avoir constaté une vision proche de la sienne. Dans son « Microcosme » les citations ne sont pas choisies d’avance et ce n’est pas d’après elles qu’il a travaillé, mais il les a réunies ensuite, comme des références
En 1967, DOSSIER SOLANGE est le premier texte littéraire de Milshtein.
Dès 1986, Milshtein s'interesse à la Digigraphie. Si, comme moi, tu te demandes ce qu’est la digigraphie : c’ est un procédé d'impression de reproductions d'œuvres d'art, réalisées en technique numérique sur des imprimantes jet d'encre grand format, labellisé par le fabricant d'imprimantes japonais Epson.
En 1991, Roland Topor l’invite à participer aux dernières expositions du groupe Panique et collabore à la revue Le Fou Parle.
En 2007, Milshtein s'installe dans son atelier à Gleizé, dans le Rhône.
Il meurt le 4 février 2020 ( Portrait de Kafka )
Je me suis efforcé de faire une peinture comme on en voit dans chaque petit centimètre carré des chefs d’œuvres du passé. Cela je le dois à Ștefănescu. J’ai le plaisir de peindre et du travail, que m’a communiqué Avni, j’ai le goût des matières et de leur volupté appris avec Ardon. Graver, peindre, dessiner, sculpter, c’est le même plaisir.
Écrire, c’est la même chose. Les mots ont des sens multiples qui dépendent de l’intonation, du geste, des circonstances. De la même manière, on peut prendre un rouge qui sort du tube et le mettre sur une toile, et on peut aussi poser d’abord un enduit, le laisser sécher, le polir, recommencer, et ensuite, mettre un vert, puis ensuite seulement, des couches très fines de rouge. Alors, on voit la différence. On accède par l’art à des choses qui ne sont pas données et qu’on découvre"